Vendanges 2025 : Ambiance contrastée pour la CUMA Saint Martin

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À Saint-Germain-d’Esteuil, la CUMA Vendanges mécaniques Saint Martin vient de terminer une campagne prometteuse sur le plan viticole. Mais derrière la satisfaction d’un millésime réussi, ses responsables, Philippe Buggin (président de la CUMA et maire du village) et Aurélien Escudero (secrétaire et président de la Maison du Vin de Saint-Seurin-de-Cadourne), expriment leurs inquiétudes face à une crise qui bouleverse le monde viticole.

En ce dernier jour de vendanges, dans quel état d’esprit êtes-vous ? Comment se sont déroulées ces vendanges 2025 pour la CUMA Saint Martin ?

AE : Très bien, même magnifiquement. Nous avons eu une belle récolte, et grâce à un entretien rigoureux de la machine, aucune panne n’est venue gâcher le travail. On peut dire qu’un bon millésime arrive. Et puis on est heureux quand les vendanges commencent, mais aussi quand elles se terminent. C’est une période intense, exigeante, mais qui soude les équipes.

PB : Ce qui nous réjouit surtout, c’est l’esprit qui règne dans notre CUMA. Nous nous connaissons depuis toujours, nos pères nous l’ont transmise, et c’est un vrai moment de solidarité.

Pourtant, vous parlez d’un contexte difficile. Qu’entendez-vous par là ?

AE : Malheureusement, la crise actuelle fait que l’entraide se perd. Le vin ne se vend plus et dans le même temps, les valeurs humaines et amicales s’effacent de plus en plus au profit de l’argent. C’est à l’inverse de ce que les CUMA revendiquent. Je crains que ce modèle paysan, basé sur l’entraide, disparaisse peu à peu au profit de logiques plus industrielles. C’est toute l’âme de nos villages viticoles qui est danger.

PB : La non commercialisation des vins est catastrophique. « Le vin n’est pas consommé alors que nous n’avons jamais fait de produits aussi bons que ces 20 dernières années. »

Cette année, on a vu une scène particulière : votre machine à vendanger travaillant à côté d’une pelle mécanique arrachant une vigne voisine. Qu’avez-vous ressenti ?

AE : Beaucoup de tristesse. Ce sont des images que nous n’aurions jamais imaginées il y a encore quelques années. Mais la crise oblige des viticulteurs à arracher leurs parcelles les moins qualitatives. Derrière, ce sont des générations de travail effacées en quelques heures.

Cela fait deux ou trois ans que la tendance se dessine. Aujourd’hui, elle s’aggrave. Voir une pelle mécanique derrière une machine à vendanger devient presque banal… et ça, c’est le signe d’une grande fragilité pour notre vignoble.

Si vous deviez résumer cette campagne 2025 en un mot ?

PB : Satisfaction. Parce que la récolte est belle, et parce que notre CUMA a tenu son rôle.

AE : Contrastée. Entre la fierté d’un bon millésime et l’ombre de la crise qui pèse sur nos villages.